La force des plantes

Je viens vers vous avec des nouvelles positives et constructives que nous donnent encore à voir la Biodynamie et les soins amoureux et naturels que nous prodiguons à nos vignes. Beaucoup d’entre vous doivent avoir eu échos que le Mildiou a décidé de s’inscrire dans l’atmosphère de la région. Et il semble qu’il ne s’attardera pas plus longtemps que ça sur les plantes renforcées, en lien avec leur fonctionnement naturel.

Voici ce que nous avons observé…Alors que les cris arrivaient jusqu’à nos altitudes que le mildiou faisait des ravages dans la Plaine, nous allons le cœur mi-battant mi-confiant observer nos petites parcelles pour y déceler quelques indices. Rien. Il faut dire que peu de temps avant, la précieuse argile avait été pulvérisée sur les feuillages enchantés. Nous nous disions que renforcées comme elles sont, le mildiou ne pouvait pas trouver de chemin en elles. Un jour, il a tenté le tout pour le tout et des tas de petites grappes furent marquées du saut brun de la présence de ces micro-organismes. Le cœur de Julien faisait des tours. La pluie incessante, alliée à de douces températures….ne permettait pas d’aller poser des traitement et offraient des conditions parfaites pour le redouté Oomycètes…

Et puis, hier, Julien revient de la Vigne. Il me dit « J’ai une belle nouvelle » le visage apaisé, un doux sourire… » Le mildiou est parti. Incroyable, c’est un miracle. Il n’y a plus rien. J’ai cherché. Rien. Il s’est dissout dans l’air. »

Comment pouvait-il soutenir des vignes en pleine force, reliées à leur sol vivant, dont la capacité à se défendre a été préservée et soutenue, prêtes à en découdre avec l’intrus? Il n’a pas insisté. Nous avons aussi observé que les vignes qui étaient les plus touchées au début étaient celles que nous avons reprises il y a 2 années et demi maintenant et qui avaient connu traitements et engrais. Nos autres vignes, celles qui ne connaissent ni travail du sol ni traitement lorsqu’il n’est pas nécessaire, n’ont même pas remarqué que le petit champignon était passé par là !!

Il n’y a que dans l’expérience que nous gagnons en force dans nos convictions et l’assurance d’être sur le bon chemin. D’année en année, nous sommes de plus en plus reconnaissants à l’argile, à la propolis, aux plantes que nous cueillons (ortie, Achillée Millefeuille, prêle…) et aux huiles essentielles…au bon sens qui a eux seuls nous permettent de donner force et Vie à nos vignes, à nos Vins…

Les liens malgré tout…

Suite à cette étrange, dense, alchimisante parenthèse, nous avançons vers un demain plus cohérent et pouvons aussi glisser un regard émerveillé sur ces deux mois écoulés.

Paysans, nous sommes inconfinables! Lorsque toute la vie est en lien dés le matin avec la terre, les plantes, la nature environnante, le jardin, jamais nous ne sommes enfermés. L’esprit voyage loin et voit des lendemains qui chantent l’Humain, le sobre, l’Essentiel.

Que cette période a été belle. C’est étrange. Nous étions loin les uns des autres et les salons n’ont pas eu lieu. Et pourtant. Et pourtant… Il y a eu, ici l’expérience d’un élan de solidarité immense. D’ici, de là, de là-bas encore, vous nous avez envoyé des messages, des mots doux, des émotions de gentillesse et de curiosité qui nous sont jusqu’ici parvenus. Vous avez souhaité continué à vivre de jolis instants, goûté le nectar nouveau-né, partagé, soutenir, découvrir, se lier, être là. Les flacons ont voyagé à travers l’hexagone et même plus loin et avec eux, nos cœurs paysans enchantés, rassurés.

Un cliché arrivé du Rhône et un autre de York en Angleterre. Les flacons ont voyagé pour nous…Nous nous sommes rencontrés autrement. Les limites ne sont que mentales, le Monde et la solidarité sont nos terres de liens, de partages, de tous les possibles…

 

 

 

Confinement, et Demain?

 » Temps de Confinement

Nous étions quelques-uns à savoir, à sentir qu’un jour tout s’arrêterait, tout s’effondrerait.
Nous étions quelques uns à sentir, à savoir que l’autonomie, la sobriété, l’entraide seraient reines en ce moment-là.
Ce système ne tenait plus debout. Le miroir aux alouettes voulait nous faire croire qu’il était tout.

Mais rien de ce qu’il propose ne repose. Rien de ce qu’il produit ne respecte la Vie. Rien de ce qu’il promet n’a vraiment d’importance.
Ce système du Dieu Argent qui ne sert que quelques-uns au détriment du Monde.
Comment croire, imaginer, oser espérer une seconde encore que le Demain d’hier puisse reprendre forme, ne serait-ce qu’un peu?
Quelle part de lui espérer voir renaître? Celle qui asservit? Celle qui détruit? Celle qui salit? Celle qui sépare? Celle qui aliène? Celle qui compromet le futur de toute Vie? Quelle part souhaiter encore?
Quelle part de lui souhaiter encore?
Quelle part de lui souhaiter encore?

Et si tout s’arrêtait.
Vraiment.
Page Blanche.

Tout ceci n’était qu’un mauvais rêve. Tout ceci n’a pas pu être.Il n’est pas possible que nous les ayons laissé faire ainsi. Polluer, détruire, extraire, défoncer, bousiller toutes formes de Vie et décider que tout ce qui ne nous sert pas est nuisible, nourrir l’humain de nourritures inertes, mortes, toujours moins chères, moins chères, moins chères.
Mais quel est le prix de la Vie, de notre corps? Quelle valeur donne t-on à ceux qui nous nourrissent?
Non, nous n’avons pas pu les laisser nous imposer un rythme effréné, fou.
Courir, rouler, courir encore, après qui, après quoi, trop de choses à faire, vite, stress, pétrole, trop de choses à faire, courir, encore, courir.

Et puis, tout s’arrête.

Écoute le bruit. Écoute! Il n’y en a plus. Le vent. Écoute les oiseaux.

Écoute, tu as le temps.

Certains d’entre nous avons des enfants. J’ai le temps. J’ai le temps d’avoir un enfant. Le temps de la voir grandir de jour en jour, d’heure en heure. Le temps de la voir s’épanouir, vivre à son propre rythme. Reposée. Vivre au cœur du temps qui est le sien.
Le temps peut se lover en nos enfants, s’accorder à leur chair.

Et au cœur de l’épreuve pour tant de gens, j’avoue tout doucement que j’aimerais que cette bulle dure encore un peu, assez longtemps. Assez longtemps pour que…

Depuis combien de temps n’avions nous pas eu le temps?
Regarde le ciel. Il est pur. Le toit du Monde n’est plus griffé par les bestiaires volants. Hirondelles, pinsons et aigles prennent leur revanche. Eux, ils n’ont pas besoin d’argent. Fleurs, germes de plantes poussent…La terre est leur mère nourricière, la lumière leur source. C’est tout.

Écoute le calme.

Retrouver le lien petit à petit. S’approcher les uns des autres. Un sourire de loin, puis se toucher la main. Pour nous aimer, nous entraider, nous n’avons pas besoin de mirages. C’est dans le cœur que tout existe. Regarde.

De loin, nos relations, les vraies sont amplifiées. Plus de « bonjour, ça va? » inconsistants. Un appel, un message sincère pour prendre des nouvelles. Je t’aime. Je nous aime. Ils sont beaux les humains quand ils ne sont pas trop abîmés. Ça vaut le coup d’en sauver un bout, tout…Sauver l’Humain, mais pas l’inhumain.

De cette parenthèse, lorsque nos vies retrouveront leurs libertés. Nous précipiterons-nous pour tout recommencer? Recommencer mais quoi? La Vie d’avant. Celle de la mise à mort de toute Vie pour qui, pour quoi? Un pot de nutella, une paire de chaussures, une belle et grosse voiture.

Qu’est ce qui vaut le coup que nous détruisions tout?

Saurons nous tâtonner? Sortir un peu titubant de nos encavernements? Saurons-nous hésiter? A poser le bon geste, celui qui fait du bien, qui ne détruit rien. Saurons-nous fredonner un nouvel air? L’air du Monde Nouveau…
Saurons-nous doucement poser un pied dehors en regardant chaque être, chaque parcelle de lumière, chaque touche de vert comme un miracle?
Saurons-nos savourer la Vie et ne rien accepter qui l’abîme?
Saurons-nous manger sainement et ne rien accepter qui se passe au détriment de…
Saurons-nous tendre la main à nos frères et sœurs et nous dire que ce monde où des gens vivaient et mouraient dans la rue n’a pas pu exister.
Nous réveillerons-nous, enfin, complètement?
Reprendrons-nous en main nos existences? Quelle saveur aura dans nos Vies le mot « cohérence »?
Et entendez-vous le goût des mots poire, pissenlit, soleil, abeille, coquelicot, vent, montagne…Vie? Saurons-nous savourer au lieu de consommer, exploiter?
Saurons-nous goûter et délicatement respecter?
Saurons-nous…

Quelques semaines, mois…parsèment encore notre imaginaire.
Quelques semaines pour que l’alchimie opère.

Imaginez que tout recommencera avec des parcelles pourries du Vieux monde. Non, c’est inacceptable.
Crois-je encore dans l’Humain?
Oui, car je les vois, d’ici, toutes ces poussières d’étoiles qui se posent sur le quotidien du Monde.
Je les vois ces êtres qui se dévouent, qui se donnent, qui tiennent la main au Monde possible de Demain. Poussières d’étoile qui réunies pourraient créer un paysage inouï. Parcelle d’une autre agriculture, d’une douce paysannerie, pièce inespérée du respect des animaux, briques d’éveil aux végétaux, composante des jardins, dévotion aux enfants, donner à ceux qui n’ont rien. Réinventer l’école, réinventer le partage de l’espace, réinventer l’équité, réinventer le rapport au temps. Réinventer le Monde de nos idées. Réinventer la place de l’Humain.

Humble et égal bénéficiaire des générosités de notre Terre. Au même rang que ces frères et sœurs non humains et même empli de gratitude, car sans ses plantes qu’il ignorait et piétinait hier, il n’est rien.

Maintenant, il le sait. Maintenant, il le sait.

Il se lève, pose les doigts sur la poignée. Il le sait. Il a eu le temps pour ça. Il ouvre la porte, met un pied dehors.
La lumière a changé. Une douceur, une profondeur, une évidence habillent l’air. La violence n’est plus. C’est doux. On se baigne dedans. Regarder le Monde, la Vie d’un œil allumé car derrière lui, une âme s’est enfin éveillée 🙂

Une question de Taille!

La terre se modifie au rythme de nos illogismes, de nos indécences. Il fait chaud et l’hiver n’est pas venu. S’adapter, chouchouter les plantes pour qu’elles passent le cap. Quand tailler? C’est une question de taille!

Nous avons démarré tardivement. Seule la pré-taille avait eu lieu en Janvier. Nous avons doucement démarré la suite début février sur les vignes qui débourrent le plus tardivement et les moins gélives. Les autres seront taillées fin avril pour autant que possible amener la vigne à garder l’équilibre.

 

 

 

 

Toujours, nous taillons chaque pied à sa mesure et selon sa capacité, nous leur chuchotons des mots doux et badigeonnons chaque plaie de taille avec de l’argile, de la bouse et des tisanes. Elles adorent ça. Main, douceur, attention…