Agroécologie et biodynamie

Monts et Merveilles, le sarclage

Le Domaine Monts et Merveilles, c’est 5 petites parcelles de vignes d’altitude toutes situées dans des écrins de Nature. Syrah, Grenache Noir, Carignan Noir, Marsanne et Roussanne nous permettent de prendre soin avec attention et conscience de 4,20 hectares de terre vivante. 

Nous nous efforçons de créer des vins emprunts de leur Terroir. C’est à dire des vins qui ne répondent pas à une tendance ou à un trait gustatif convoité. Bref, des vins avec une identité caractérisée par les aléas et les vibrations d’un millésime. Nous attachons beaucoup d’importance au monde souterrain c’est à dire les racines et le sol.

La viticulture en général s’est souvent rattachée aux expériences sur les parties aériennes de la plante sur ce qui est visible et palpable. Le sous-sol avec toute sa dynamique et de loin l’environnement à observer, sentir et même écouter.

Nous partons du principe qu’un sol sain et riche en biomasse génère une culture saine et plus résistante aux maladies. Les lombrics, bactéries, champignons,  la matière organique, ou encore les mycorhizes (symbiose entre une racine et le mycélium d’un champignon) sont des acteurs essentiels d’une qualité de vie souterraine. Notre rôle est de saisir cette notion là et de la prendre en considération durant les quatre saisons.

Voici quelques thèmes sur lesquels nous mettons l’accent dans notre approche viticole.

Domaine Monts et Merveilles à Saint Julien les Meulières, 34210 La Livinière
Monts et merveilles
Monts et merveilles

Biodynamie « Les lois du vivants »

Nous adoptons une approche viti-vinicole peu conventionnelle (culture biologique incluse !). Nous pratiquons les méthodes biodynamiques, les lois du vivant. Conscients des difficultés rencontrées par la filière viticole pour maintenir des vignobles pérennes et pour récolter des raisins sains, nous avons décider de prendre le problème à l’envers. Rendre vie au sol, renforcer le système immunitaire naturel de la vigne contre toute agression (un parasite est lié à un disfonctionnement selon Rudolf Steiner), respecter la biodiversité et les interactions qui peuvent apparaître entre le végétal, l’animal et l’humain sont autant de critères incontournables pour faire naître non pas de bons vins mais des vins « Vrais et Libres d’exprimer un millésime ».

Nous quittons la notion de perfusion pour aller vers l’auto-gestion  

Un sol réfléchi

Comme tout bon agriculteur nous nous efforçons de prendre soins de nos Terres « En bon père de famille ». Une terre vivante et féconde n’a pas besoin d’être travaillée, labourée, défoncée ou même sous-solée. Elle a surtout besoin d’être gérée durablement en tenant compte des aléas climatiques de chaque année. N’en déplaise aux fervents amateurs de grosse cylindrée à 4 roues motrices qui n’a finalement pour fonction que de tasser et déchirer simultanément un sol. Cette action bouleverse les horizons et perturbe toute la macro-faune.

Au domaine, nous intervenons auprès de nos sols que lorsque c’est nécessaire et surtout en évitant toutes actions qui s’avéreraient néfastes au bon déroulement de la vie souterraine. Après avoir eu recourt à la traction animale nous allons faire des essais avec une chenillette. Celle-ci est plus légère qu’un chenillard et permet d’aérer nos terres en surface. La houe avec un peu d’huile de coude feront le reste.

Bien sûr nous avons notre coco, un Renault 60 (en deux roues motrices, je précise !) qui n’intervient que sur notre parcelle de 3 mètres de large.  Un à deux passages suffisent pour soulager des argiles lourdes et tenaces lors d’une saison à forte précipitation. Et c’est l’herbe qui fait le reste. Ces fameuses plantes, qui aux yeux de quelques sceptiques, ne font que salir un sol. Il est également important de souligner que les plantes, dès leur levée, nous indiquent une carence, un excès, ou une variation de pH qui nous permet d’intervenir ou non sur nos sols. Une plante ne lève jamais par hasard; une vesce apparaît lorsqu’il y a une petite carence en azote, une fausse roquette indique une montée de pH, un séneçon jacobé signale que le sol tend vers l’équilibre et une bonne fertilité. Ces plantes nous livrent des secrets et participent à la vie de ce sol.

Méditons sur cette célèbre phrase de Chateaubriand ;  » Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent « .

La taille

Une action des plus subtile, fascinante et intelligente. Ce travail de sculpture, de vision à long terme  est menée judicieusement et tardivement (à partir de février).

Nous sommes attentifs à tailler court et le plus bas possible de manière à court-circuiter les trajets de sève.Cela diminue aussi les risques de maladies du bois. Un badigeon est appliqué au pinceau sur chaque plaie de taille. Cette mixture préparée à partir de bouse de vache fraîche (merci aux vaches de Paul Dautey), de décoction de prêle des champs, de teinture mère de Propolis et d’argile kaolinite. Le tout est confectionné le jour même. Les effets sont surprenants ! Un pansement protecteur, stimulant et vitalisant.

Monts et merveilles, les nichoirs à chauve-souris

HUMEUR

Libérer les Vignerons et le Vin… Un texte qui parle pour nous…

Antoine qui écrit des textes sublimes pour la Semaine du Minervois a crée en toute discrétion ce texte qui nous a réjouit nos cœurs de vignerons, parents de Vins Libres

 « Il n’y a pas si longtemps en Minervois, «on vendangeait soit pas mûr, soit pourri» m’a avoué un ami vigneron. La quantité rimant, on avait sélectionné des cépages productifs, dont les souches croulaient sous les raisins qui n’avaient pas le temps de mûrir. Même dans les coteaux, et sans irrigation, on atteignait de gros rendements avec les carignans, terrets, aramons et autres listans d’alors. Puis, est venue, avec la volonté de rejoindre le club des appellations d’origine contrôlée (AOC), la restructuration du vignoble favorisant l’implantation de cépages «nobles». Une exigence de qualité définie dans un cahier des charges, en opposition au mauvais vin que l’on voulait faire oublier: d’un vin peu coloré, faible en alcool, vert, dilué, inexpressif, on allait passer à un vin sombre, gras, riche, alcooleux, confit, complexe, voire boisé. Et on s’est inventé une tradition, qui, dans les faits, aura trente ans en 2015.

Ce vin étalon, établi en réaction au petit rouge paysan et coopératif, dicte encore aux vignerons le modèle à atteindre, et par extension les limites à ne pas traverser. Même avec les «bons» cépages en assemblage, rechercher finesse, plus de fraîcheur, moins d’extraction expose au déclassement.

Pourtant, dans l’histoire du vin, nombreux sont les exemples de grandes appellations qui ont su s’adapter, évoluer: autrefois dépassaient rarement les 12° d’alcool, tandis que les bourgognes, conçus pour vieillir, étaient pratiquement imbuvables dans leur jeunesse; les vins de Vouvray n’étaient qu’accidentellement secs et, plus prés d’ici, les maurys et banyuls étaient oxydatifs ou n’étaient pas.

Bien sûr, on ne peut accepter toutes les excentricités, et encore moins toutes les déviances, au sein d’une appellation qui se respecte. Par contre, ne serait-ce pas enrichir la palette des vins du Minervois que d’ouvrir des critères de sélection empoussiérés (et qui laissent pourtant bien passer des «piquettes») à des vins de style différents, plus digestes, plus «nature», faits par des vignerons qui ne s’assujettissent pas à la mode mais suivent leurs convictions profondes? Est ce bien sage de décourager ces passionnés, qui travaillent dans un grand respect de la vigne, du raisin et du vin et qui recherchent l’expression la plus pure de leur terroir, de faire partie de cette appellation? Parce que ceux-ci exclus, fidéliseront une clientèle avec une production confidentielle en «vin de France», et ne prendront même plus la peine de demander l’agrément…Et quand on remisera les locomotives de la première heure, l’AOC Minervois, qui se rêve Très Grand Vin, risque de rester à quai.»

Antoine Cauchy